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Fibromyalgie

 

La Fibromyalgie

(Synthèse de plusieurs articles écrits par différents médecins et rédigée par l’AFAu)



La Fibromyalgie est caractérisée par des douleurs chroniques diffuses. On l’appelle également ‘‘syndrome polyalgique diffus’’ ou ‘‘alodynie généralisée’’.  Elle touche 2 à 4 % de la population dont 80 % de femmes.



Un ensemble de symptômes

Les signes principaux sont les suivants :

  • Douleurs musculaires (muscles noués, tendus), tendineuses et articulaires (les douleurs articulaires sont insensibles aux anti-inflammatoires non stéroïdiens).
  • Douleurs temporo-mandibulaires, céphalées de tension et autres maux de tête fréquents
  • Sommeil non réparateur, nombreuses phases d’éveil
  • Fatigue matinale ainsi que des ‘‘coups de barre’’ dans la journée, très gênants pour les tâches quotidiennes et le travail
  • Syndrome des jambes sans repos fréquent
  • Colopathie fonctionnelle (diarrhées, constipation, nausées, ballonnements)
  • Signes évoquant le dysfonctionnement du système nerveux autonome (tachycardie, palpitations, hypersudation, bouche sèche,sensation de constriction, vertiges positionnels)
  • Troubles de la mémoire et difficulté de concentration
  • Symptômes anxio-dépressifs souvent réactionnels à la douleur
  • Sensibilité aux changements météorologiques, à la fumée, au froid, au stress
  • Sensation de ‘‘fibro fog’’ lorsque les circuits sont encombrés par la douleur ; les personnes souffrant de fibromyalgie ont une perte de capacité mémoire de 20 ans (quand elles ont 40 ans, c’est comme si elles en avaient 60)


Diagnostic clinique

Pas d’éléments, à l’heure actuelle, permettant d’affirmer le diagnostic de l’état de Fibromyalgie. Il est établi lorsqu’il existe des douleurs diffuses évoluant depuis plus de trois mois, associées à des douleurs ressenties à la pression sur un certain nombre de points caractéristiques de chaque côté de la ceinture et des deux côtés du corps.

Le diagnostic est fait, par élimination, après de nombreux examens et, souvent, au terme d’un nomadisme médical.

Cependant, des recherches sur une hypothèse auto-immunitaire et sur les lésions musculaires sont en cours.



Quelles sont les causes ?

Un des mécanismes serait un excès de perception et de transmission de la douleur, un dysfonctionnement au niveau du système nerveux central.

Les facteurs déclenchant peuvent être :

  • L’irruption d’une infection, d’un traumatisme physique : accident (‘‘coup du lapin’’ notamment), chute, acte chirurgical, agression
  • Un traumatisme psychologique (perte d’un proche, harcèlement sous ses différentes formes)
  • La peur liée à la lutte pour la vie, la perte des valeurs, la démotivation
  • Le stress lié à l’excès de travail
  • Les répercussions émotionnelles d’un traumatisme dont l’origine peut être ancienne (viol,  attouchements sexuels)
  • L’hyperactivité

La Fibromyalgie arrive sur un terrain particulier. Il peut y avoir un facteur génétique (anomalies sur neurotransmetteurs).

On a pu créer des modèles expérimentaux de fibromyalgie sur des souris en rendant leurs neuromédiateurs défaillants, ce qui va permettre de tester différents médicaments.

C’est dans la tête ?

Des dépressions peuvent précéder ou succéder à la Fibromyalgie. L’anxiété (peur de ce qui va arriver) est trois fois plus fréquente chez un fibromyalgique que chez un non fibromyalgique.

Catastrophisme, incertitude : j’ai mal, on ne me reconnaît pas. Le catastrophisme explique 50% de la douleur.

Peur de la douleur : on bouge moins pour ne pas avoir mal (et moins on bouge, plus on a mal).

C’est dans la tête de façon organique ?

Oui, dans la mesure où l’on constate des anomalies du muscle dues aux contractures. Il y a également des troubles du sommeil lent profond (sommeil réparateur).

Dans le système nerveux central, dans les zones d’anticipation de la douleur, dans les zones d’intégration de la douleur, dans les zones de la mémoire, on a trouvé des anomalies de la vascularisation.

Anomalies des neuromédiateurs : dopamine, noradrénaline, substance P. Les neuromédiateurs agissent sur le sommeil et mettent le muscle au repos.

Anomalies également dans le système hypotalamo-hypophysaire (système de défense du stress).

Dans les guerres, le stress post-traumatique ressemble beaucoup à la Fibromyalgie.

Le stress chronique a un effet sur la Fibromyalgie alors que le stress soudain (11 septembre par exemple) n’en a pas.

Il faut lutter contre le catastrophisme. Il faut avoir un support social (famille, entourage) et une aide sociale (quand on nous l’accorde).



Traitements

Les antalgiques à doses suffisantes, les anti-convulsivants et les antidépresseurs à dose faible sont la base du traitement.

Antalgiques

Palier 1 : Paracétamol, Tramadol

Palier 2 : Efferalgan avec codéine

Palier 3 : Morphiniques (ponctuellement en cas de grosse crise)

Les zones gâchettes constituent une épine irritative à l’origine de la pérennisation des douleurs. Il faut tout mettre en œuvre, par des traitements locaux et répétés, afin de casser le cercle infernal de la douleur.

Kinésithérapie dans un but antalgique (massage, relaxation neuromusculaire, balnéothérapie et physiothérapie) mais aussi de rééducation fonctionnelle, de réadaptation à l’effort et de conseils en ergonomie

Sophrologie, relaxation, musicothérapie, hypnose ou art-thérapie peuvent être conseillées (mais pas de prise en charge par la Sécurité Sociale)

Prise en charge pluridisciplinaire des patients dans certains centres de la douleur

Cures thermales

Acupuncture

Techniques cognitivo-comportementales (on apprend à modifier la façon dont on se comporte).

Anti-convulsivants

Ils agissent sur les douleurs chroniques (Clonazépam : Gabapentine : Neurontin – Prégabaline : Lyrica). Il y a beaucoup d’effets secondaires avec ce type de médicaments : somnolence, vertiges, prise de poids).

Antidépresseurs

Ils sont efficaces surtout si on ne souffre pas de dépression en modifiant les neuromédiateurs. Ils corrigent les anomalies et certains agissent sur la fatigue.



Comment vivre avec ?

Vivre avec la Fibromyalgie nécessite une acceptation du diagnostic, une éducation permettant de se connaître mieux afin d’avoir les réponses adaptées aux demandes de son corps. Bien que d’évolution chronique, la Fibromyalgie peut être améliorée.

L’éducation du fibromyalgique passe par la reconnaissance des différents types de douleurs, des thérapeutiques adaptées, de la prise en charge psychologique.

Les réunions, conférences et congrès organisés par les associations de malades permettent de faire l’éducation de l’entourage et d’aider à l’acceptation du diagnostic.

Le patient doit comprendre qu’il doit arrêter d’attendre le médicament miracle.